MEMOIRES D ' UN DRAP


Ce matin au réveil, j'ai entendu une petite voix qui me disait "je devrais écrire mes mémoires", j'eus beau regarder de tous côtés je ne vis personne.

Aprés avoir pris mon petit déjeuner et avant de passer à la salle de bains, je défais mon lit pour l'aérer j'ouvre la fenêtre en grand et encore cette petite voix " c'est pas croyable on ne m'épargne rien".

Je cherche, je ne vois personne, je me penche même  à la fenêtre  pour voir si quelqu'un me ferait une farce, mais non rien, personne. Me voilà, pendant quelques instants, confrontée à ce que Jeanne d'ARC disait!!!! j'entends des voix.

Je prends mon drap pour le secouer à la fenêtre et là j'entends "mais arrêtes de tirer sur mes oreilles c 'est pas possible, je suis à l'âge de la retraite ménages moi.......".je n'ai que mon drap dans mes mains, je commence à me poser des questions, "mais oui c'est moi ton drap qui te parle ça te semble si ahurissant pourtant toi qui te veux ( petite écrivaine) tu pourrais bien imaginer un drap qui parle............cela dit puisque tu crois savoir écrire, tu ne voudrais pas écrire mes mémoires ? c'est que j'en ai des choses à dire moi.

Je suis stupéfaite je dois être trés malade il faut que j'aille consulter, mais cette voix ne se tait pas  alors bon gré mal gré je m'installe à mon bureau et décide d'écrire ce que cette CHOSE a à me dire.

Bien, je suis un drap, un drap parmi tant d'autres mais c ' est justement de la vie des draps que je veux causer.

T'es tu déjà demandé ce que vous feriez sans draps? déjà le jour de votre naissance nous sommes là pour que  le bébé soit au chaud, pour l'essuyer, pour que notre douceur le réconforte à la sortie de son cocon douillet qu'est le ventre de sa mère................ 

Puis chaque nuit  et parfois même quelques après midi de votre vie  nous sommes là, présent. 

Nous pouvons être en coton, en percale, en jersey suivant votre gout du moment, parce qu'il ne faut pas oublier que vous n'êtes pas trés sympas avec nous. Si une nouvelle mode arrive, un coton fleuri, rayé, uni et s'en est fini de nous, vous êtes capable de nous reléguer au rang de chiffon pour le ménage, pour la voiture et que sais je encore, vous n'avez aucune compassion pour nous et pourtant nous sommes fidèles car malgré tout nous ne vous abandonnons jamais tout au long de votre vie et même le jour de votre mort nous sommes encore là à vous servir de linceul.

Vous ne prenez pas toujours soin de nous, une grande majorité d'entre vous se lave juste avant de se glisser contre nous à même la peau et là c'est un plaisir inoui que de sentir cette peau fraîche qui hume bon le parfum ou le savon et lorsque vous nous passez à la machine, vous n'hésitez pas à nous rincer avec un produit adoucissant qui flatte vos sens de l'odorat et de la fraicheur.........mais certains ne connaissent pas bien l'utilisation de l'eau et là les odeurs corporelles sont désastreuses sans compter qu'ils ne nous lavent pas souvent non plus berck.............

Lorsque vous êtes malades, nous sommes là aussi, a supporter votre fièvre, vos délires et j'en passe il vaut mieux. 

Et puis il y a ces moments que j'adore, où vous vous pensez seuls à deux, voir parfois plus mais je resterais sur deux c'est plus fréquent, et où, donc, vous décidez d'être tendres, sensuels, où les caresses, les jeux de mains, de langues sont distillés sans pudeur, avec ardeur, passion, où nous sommes les complices de vos plaisirs et même si parfois, vous nous bousculez un peu où vous mettez du désordre dans ce lit si calme habituellement, où vous n'hésitez pas à nous agripper pour atténuer un cri de bien être hummmm..., enfin bon, voilà donc toute votre vie nous vous accompagnons alors traitez nous avec douceur s 'il vous plait.

Nous sommes comme euxEnsemble de trois singes de la sagesse sur un socle | eBay

Voilà, j'ai écrit ses mémoires, tout relu et c'est avec tendresse que j ai refait mon lit sans tirer sur les angles du drap et ayant pris soin de le serrer fort dans mes bras avant de le remettre en place. 




Commentaires

  1. Une belle évocation des amis fidèles de notre vie horizontale. Un tiers de notre vie tout de même ! Ils nous habillent comme une seconde peau et nous protègent. Gardiens de nos rêves. Ils méritaient bien cet hommage. Merci pour ce texte savoureux.
    Philippe

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  2. Merci Philippe pour ce commentaire complémentaire à mon texte malhabile qui m'a bien amusé tout de même. A bientôt de te relire j'espère.

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  3. Voilà qui est bien mieux que « les mémoires d'une femme de chambre ». J'ai beaucoup aimé ce petit texte savoureux et plein de douceur. De plus il évoque bien des vérités simples et auxquelles il convient de réfléchir.
    Je vais regarder mes draps autrement ce soir !

    Et puis je ne peux m'empêcher d'évoquer le passage de cette chansonnette bien connue :
    « j'ai encore rêvé d'elle
    j'en ai rêvé si fort
    que les draps s'en souviennent »…
    ;-)

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    1. Merci Alain, je n'ai pas osé la chanson parce que mes lecteurs ont dejà compris que j'étais relativement coquine mais il y avait tant à dire de plus............cela dit je n en suis pas encore aux souvenirs fort heureusement :-)

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    2. Je m'inscris au comité de soutien pour la prochaine parution de l'excellent ouvrage « mémoires d'un drap » de l'excellente auteure Fleurdunil
      on veut TOUT savoir !
      ;-)

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    3. La prochaine fois je publierais peut être "mon lit ma deuxième vie".............

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  4. Te voilà donc dans de beaux draps, si j'ose dire ! :-)

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    1. Ils sont toujours beaux, mais un peu bavards du coup je prends garde à ce que je fais, je ne voudrais pas les choquer........................ :-)

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